Un médecin franco-ontarien engagé et «humain» nommé à l’Ordre du Canada

13 mars 2025 - 09:12

Le docteur André Lalonde, natif de Vankleek Hill dans l’Est ontarien, a été nommé membre de l’Ordre du Canada, mercredi dernier, pour son travail dans le domaine de la gynécologie et de l’obstétrique. Il a notamment joué un rôle clé dans l’humanisation des soins maternels au Canada et à l’international.

Par Chantallya Louis, IJL - Réseau.Presse - Le Droit

La nomination à l’Ordre du Canada représente pour lui une reconnaissance significative pour son travail au Canada. «J’ai reçu de nombreuses distinctions à l’étranger, mais être honoré par mon propre pays est particulièrement émouvant», confie celui qui habite maintenant à Ottawa.

Le Dr Lalonde a d’abord étudié en médecine à l’Université d’Ottawa avant de poursuivre son apprentissage comme gynécologue à Calgary, à Boston et à Montréal. À l’époque, il souhaitait se spécialiser en médecine générale, mais son passage en Alberta l’a poussé dans le domaine de l’obstétrique.

«Quand j’étais à Calgary, il y avait des cas assez spéciaux où des femmes faisaient de grosses hémorragies», raconte-t-il. «Mais plus loin encore, ma mère qui avait eu 6 enfants avait eu des accouchements difficiles. Je me disais que c’était quelque chose d’important et ça devait arriver à plusieurs femmes.»

Humaniser les soins de maternité

Lorsqu’il travaillait à l’hôpital Royal Victoria à Montréal, dans les années 1980, Dr André Lalonde a rencontré beaucoup de sages-femmes qui, selon lui, avaient une approche différente de ce qu’il avait appris lors de son parcours universitaire.

«Je me suis dit, lorsque je deviendrai chef de département, je vais définitivement faire des changements.»

— Dr André Lalonde

Son travail, pour humaniser les soins obstétriques, a donc débuté au Québec où il a introduit de premières chambres de naissance à l’Hôpital LaSalle. Des espaces permettant aux femmes de vivre l’ensemble du processus dans un seul et même lieu, tout en restant avec leur bébé.

Cette approche a depuis été adoptée dans plusieurs hôpitaux au Canada.

«Ce qui compte, c’est que la femme se sente respectée et en contrôle de son accouchement», explique-t-il.

Engagement envers les communautés autochtones

Dr Lalonde a aussi œuvré pour améliorer les soins dans des communautés éloignées, notamment celles des Premières Nations.

En 1990, à son retour à Ottawa pour occuper le poste de directeur général de la Société des obstétriciens et gynécologues du Canada, il a remarqué que des médecins spécialistes n’étaient pas outillés pour offrir des soins optimaux aux communautés autochtones de la région.

«J’ai donc formé un premier comité de soins autochtones, avec des infirmières et des médecins autochtones, et j’ai embauché les deux premiers employés autochtones à la Société des gynécologues du Canada», se rappelle-t-il.

Après sa retraite en 2011, il est retourné au Québec et a rapidement remarqué que les femmes autochtones accouchaient loin de leurs communautés, à Montréal. «Mais c’était important pour elles de pouvoir accoucher avec leur proche, car la communauté traditionnellement célèbre la naissance des enfants», détaille-t-il.

Ainsi, il a commencé des discussions avec le Conseil de la santé et du Conseil des Cris afin de ramener les accouchements au sein des villages, grâce à une collaboration avec des sages-femmes.

Ce projet visait à éviter que les femmes enceintes soient contraintes de quitter leur communauté pendant plusieurs semaines pour accoucher dans des centres urbains.

Malgré des résistances initiales, il a réussi à convaincre les autorités locales et les professionnels de la santé qu’il était possible d’assurer des accouchements sécuritaires dans ces régions, en adaptant les pratiques aux besoins spécifiques de chaque communauté.

Une carrière à l’international

L’influence du Dr Lalonde dépasse largement les frontières canadiennes. Pendant plusieurs décennies, il a travaillé dans plusieurs pays en développement, notamment en Afrique et en Asie, pour promouvoir des soins obstétriques sécuritaires et accessibles. Il a contribué à l’élaboration de protocoles internationaux visant à réduire les risques de mortalité maternelle et néonatale.

Récemment, il a lancé l’Initiative internationale de la naissance (IINA), qui a pour but d’intégrer des pratiques plus humaines dans les systèmes de santé du monde entier pour mieux appuyer les femmes lors de l’accouchement.

Ce programme, qui a pris naissance dans les pays où les conditions sont inquiétantes, sera introduit prochainement au Canada.

Dr Lalonde insiste : il est important d’écouter les femmes et de les inclure dans les décisions médicales.

«La médecine a longtemps été paternaliste. Aujourd’hui, il faut reconnaître que la femme est la principale actrice de son accouchement.»

— Dr André Lalonde

Selon lui, c’est un principe essentiel pour améliorer les soins.

À 75 ans et plus de 7000 accouchements supervisés, André Lalonde continue de s’impliquer pour améliorer et humaniser les soins de santé pour les femmes. «Ce qui me rend le plus fier, c’est le sourire des femmes après leur accouchement, le regard émerveillé qu’elles portent sur leur enfant. Cela n’a pas de prix», conclut-il.

Autres Ottaviens nommés à l’Ordre

À Ottawa, trois autres personnes ont été nommées dans l’Ordre du Canada.

Maureen Boyd, communicatrice et ancienne présidente du Centre parlementaire, travaille à renforcer les démocraties et a soutenu des familles autochtones et immigrantes à titre de présidente fondatrice du Centre Mothers Matter.

Jean-Pierre Kingsley, ancien directeur général des élections du Canada, a joué un rôle clé dans la modernisation du système électoral canadien. Il a également œuvré à la promotion du développement démocratique et à l’amélioration des élections dans le monde entier.

Wendy Muckle, cofondatrice d’Ottawa Inner City Health, milite pour un accès équitable aux soins de santé pour les populations vulnérables. Elle a été reconnue à l’échelle nationale et mondiale pour ses programmes novateurs, notamment en matière de soins palliatifs.

Au total, le bureau de la gouverneure générale a annoncé mercredi 88 nouvelles nominations au sein de l’Ordre du Canada, dont un compagnon, 24 officiers et 63 membres. Trois nominations sont des promotions au sein de l’Ordre.

L’Ordre du Canada est la pierre angulaire du Régime canadien de distinctions honorifiques dont elle a célébré les réalisations exceptionnelles et les contributions diversifiées de plus de 8000 personnes depuis sa création en 1967.

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( Photo : André Lalonde / Patrick Woodbury / Le Droit )