Plus de demandes et moins de denrées pour les banques alimentaires d’Ottawa en 2025

29 octobre 2024 à 09h18

Alors que la banque d’alimentation d’Ottawa prévoit diminuer le nombre de denrées dès janvier 2025 à ses organismes membres, la demande pour les banques alimentaires dans la capitale nationale a vu une augmentation de 13 % entre 2023 et 2024.

Chantallya Louis, IJL - Réseau.Presse - Le Droit

«C’est vraiment une situation problématique», se désole la directrice générale de la banque d’alimentation d’Ottawa, Rachael Wilson. «On n’a pas le choix de retourner à notre règle: “une visite par mois [par visiteurs]”, et c’est possible que chaque personne reçoive moins de nourriture aussi», ajoute la directrice générale.

Toutefois, Rachael Wilson soutient que l’aide municipale ne dépasse pas la marge des 2 % du budget de 30 millions de dollars de l’organisme.

«Il n’y a pas [de financement] ni de la province ni du gouvernement fédéral, c’est seulement les donneurs qui nous donnent l’argent et la nourriture», explique Rachael Wilson qui exhorte tous les paliers gouvernementaux à mettre la main à la pâte.

Les ressources sont, non seulement moindres que les années précédentes, mais aussi peu fiables, alors que le taux d’inflation touche la population globale des Ottaviens.

Demande de 5,6 millions de dollars sur trois ans

La semaine dernière, dans une lettre ouverte et co-signée par de nombreux organismes, la banque d’alimentation d’Ottawa demande à la Ville d’Ottawa de prioriser son financement dans la lutte contre l’insécurité alimentaire.

«En 2024, près de 40 % des banques alimentaires ont signalé qu’elles devaient refuser des personnes en raison de leur capacité d’accueil limitée, peut-on lire dans la lettre. Cette situation découle directement d’un financement insuffisant et ne fait que s’aggraver».

Selon les organismes, près d’un ménage sur quatre, soit 23,7 %, à Ottawa, fait face à l’insécurité alimentaire.

Dans cette optique, la banque d’alimentation d’Ottawa demande une aide financière de 5,6 millions de dollars sur trois ans afin de subvenir aux besoins des personnes vivant dans la précarité.

«[L’argent], c’est vraiment pour les membres [de l’organisme] qui servent les personnes dans la communauté. Ils ont besoin d’aide pour les employés, pour l’infrastructure et aussi pour l’alimentation».

Par ailleurs, la banque d’alimentation d’Ottawa regroupe près d’une centaine d’organismes qui desservent la population dans le besoin.

Rapport canadien 2024

La situation d’Ottawa reflète la réalité canadienne.

Le dernier rapport Bilan-Faim 2024 dénombre que plus de 2 millions de canadiens par mois font affaire aux banques alimentaires, «soit le chiffre le plus haut de toute l’histoire», avance le document d’une centaine de pages.

Ce qui choque particulièrement le chef des services au réseau de la Banque alimentaire du Canada, Philippe Ozga, c’est la vitesse à laquelle la demande augmente au pays.

«Ça nous a pris environ 30 ans en tant que réseau national de frapper le million. Entre 2019 [et cette année], ça nous a pris seulement 5 ans à ajouter un autre million, dit-il. Ça montait en flèche beaucoup plus vite qu’on s’y attendait».

Du côté des enfants, en 2019, ils étaient 400 000 à demander l’aide de banques alimentaire, «avec la montée, c’est rendu à 700 000 enfants au Canada qui ont besoin d’aide», lance Philippe Ozga, outré.

Tout comme les banques alimentaires d’Ottawa, 30 % du réseau des banques alimentaires du pays se voit dans l’obligation de donner moins de denrées.

Certaines recommandations

En plus d’offrir un soutien aux Canadiens en ce qui a trait à leur logement, la banque alimentaire du Canada recommande au gouvernement fédéral d’instaurer une allocation pour l’épicerie et les besoins de base pour ceux et celles qui ont du mal à rejoindre les deux bouts.

«Une façon [à court terme] de mettre de l’argent tout de suite dans la poche des gens avec le moins de revenus, assure-t-il. On s’en est servi d’ailleurs à deux reprises durant la pandémie pour aider les gens dans le besoin».

Quelques chiffres de l’autre côté de la rivière

En Outaouais, la situation est aussi alarmante pour les organismes. Selon le bilan de Moisson Outaouais, ce sont 91 042 personnes qui ont demandé l’aide alimentaire en mars 2024, soit une augmentation de 28 800 comparativement à 2021.

Sur plus de 10 624 personnes célibataires qui ont reçu l’aide alimentaire, 3717 étaient des enfants.

Par ailleurs, près qu’une personne sur cinq qui reçoivent un dépannage alimentaire occupe un emploi comparativement à une personne sur 10 en 2022.

(Photo : Patrick Woodbury/ Le Droit)